Vous souvenez-vous du conte « Les Fées » de Charles Perrault?
Lorsque j’étais enfant, ma mère me racontait souvent cette histoire. À chaque fois, ce conte produisait sur moi une forte impression pour plusieurs raisons.
Premièrement, il parlait du monde invisible, le monde des fées auquel je n’ai jamais cessé de croire et que j’ai eu la chance de voir un jour. Quel enchantement!
Deuxièmement, parce qu’il nous parle d’une loi de la nature : la loi des causes et des conséquences.
Troisièmement, parce que ce conte nous fait comprendre que tôt ou tard, la bienveillance a sa récompense et très souvent au moment où l’on ne s’y attend pas.
Les Fées
« Il était une fois une veuve qui avait deux filles ; l’aînée lui ressemblait si fort et d’humeur et de visage, que qui la voyait, voyait la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses qu’on ne pouvait vivre avec elles. La cadette, qui était le vrai portrait de son Père pour la douceur et pour l’honnêteté, était avec cela une des plus belles filles qu’on eût su voir. Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille aînée, et en même temps avait une aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse.
Il fallait entre autres choses que cette pauvre enfant allât deux fois le jour puiser de l’eau à une grande demi-lieue du logis, et qu’elle en rapportât pleine, une grande cruche. Un jour qu’elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui la pria de lui donner à boire. Oui-dà, ma bonne mère, dit cette belle fille ; et rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l’eau au plus bel endroit de la fontaine, et la lui présenta, soutenant toujours la cruche afin qu’elle bût plus aisément.
La bonne femme, ayant bu, lui dit : vous êtes si belle, si bonne, et si honnête, que je ne puis m’empêcher de vous faire un don (car c’était une Fée qui avait pris la forme d’une pauvre femme de village, pour voir jusqu’où irait l’honnêteté de cette jeune fille). Je vous donne pour don, poursuivit la Fée, qu’à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une fleur, ou une pierre précieuse. Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine. Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d’avoir tardé si longtemps ; et en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux roses, deux perles, et deux gros diamants.
Que vois-je ? dit sa mère tout étonnée ; je crois qu’il lui sort de la bouche des perles et des diamants ; d’où vient cela, ma fille ? (Ce fut là la première fois qu’elle l’appela sa fille.) La pauvre enfant lui raconta naïvement tout ce qui lui était arrivé, non sans jeter une infinité de diamants.
Vraiment, dit la mère, il faut que j’y envoie ma fille ; tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre sœur quand elle parle ; ne seriez-vous pas bien aise d’avoir le même don ? Vous n’avez qu’à aller puiser de l’eau à la fontaine, et quand une pauvre femme vous demandera à boire, lui en donner bien honnêtement.
Il me ferait beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine. Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout à l’heure. Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau flacon d’argent qui fût dans le logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine qu’elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue qui vint lui demander à boire : c’était la même Fée qui avait apparu à sa sœur, mais qui avait pris l’air et les habits d’une princesse, pour voir jusqu’où irait la malhonnêteté de cette fille. Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire? Justement j’ai apporté un flacon d’argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J’en suis d’avis, buvez à même si vous voulez.
Vous n’êtes guère honnête, reprit la Fée, sans se mettre en colère ; hé bien ! puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu’à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent ou un crapaud.
D’abord que sa mère l’aperçut, elle lui cria :
Hé bien, ma fille ! Hé bien, ma mère ! lui répondit la brutale, en jetant deux vipères, et deux crapauds. Ô Ciel ! s’écria la mère, que vois-je là ? C’est sa sœur qui en est cause, elle me le payera ; et aussitôt elle courut pour la battre. La pauvre enfant s’enfuit, et alla se sauver dans la forêt.
Le fils du Roi qui revenait de la chasse la rencontra et la voyant si belle, lui demanda ce qu’elle faisait là toute seule et ce qu’elle avait à pleurer. Hélas! Monsieur, c’est ma mère qui m’a chassée du logis. Le fils du Roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six perles, et autant de diamants, la pria de lui dire d’où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du Roi en devint amoureux, et considérant qu’un tel don valait mieux que tout ce qu’on pouvait donner en mariage à un autre, l’emmena au palais du Roi son père où il l’épousa.
Pour sa sœur elle se fit tant haïr que sa propre mère la chassa de chez elle, et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulût la recevoir alla mourir au coin d’un bois. «
**********************************************
Je remercie ma mère de m’avoir plongé dans ce monde de poésie, car elle m’a fait comprendre que la vraie beauté et le véritable bonheur, c’est d’ouvrir son cœur et son esprit aux autres. Des années plus tard, je me souviens encore de ce conte et je souris lorsque je me rappelle, que je m’efforçais d’être honnête et d’avoir des propos agréables envers tous ceux que je côtoyais. Car dans mon imagination d’enfant, je voulais que de ma bouche, sorte des perles et des diamants dans chacune des paroles que je prononçais.
Selon le dictionnaire français la bienveillance : c’est la capacité à se montrer indulgent, gentil et attentionné envers autrui d’une manière désintéressée et compréhensive.
« Bienveillance » le mot le dit : veiller au bien. La bienveillance : c’est de se montrer attentif au bien et au bonheur des autres autant qu’à soi-même. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Matthieu 22.39
Selon Matthieu Ricard, moine bouddhiste, pour remédier aux maux du monde, la première étape à accomplir est de faire preuve de bienveillance.
Il nous dit aussi que de s’exercer à la bienveillance est une source de sérénité : https ://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/le-moine-bouddhiste-matthieu-ricard-exercer-la-bienveillance-est-une-source-de-serenite_13894270/
************************************
Dans cette pensée, le Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov nous invite à agir avec bienveillance.
« Celui qui agit vis-à-vis des autres avec bienveillance, compréhension, patience, générosité manifeste consciemment ou inconsciemment sa foi en un principe supérieur qui lui dicte sa conduite. Quant à celui qui s’imagine que sa foi excusera ses fautes aux yeux de Dieu, il se trompe doublement : d’abord, la foi n’efface pas les fautes ; ensuite il fait preuve d’une malhonnêteté qui les aggrave même, car c’est se moquer du Seigneur que de prétendre croire en Lui alors qu’on fait le contraire de ce qu’Il demande. Si la foi suffisait, pourquoi tant de croyants sont-ils plongés dans des états déplorables où leur foi ne peut rien pour eux ? De quoi ont-ils l’air à répéter : « Je crois… je crois… » alors qu’on entend s’élever du plus profond d’eux-mêmes une autre voix qui dit : « Je suis faible, je suis malade, je suis ignorant » ! Le seul véritable critère de la foi, ce sont les actes. » [1]
Il nous dit aussi que la bienveillance attire des entités célestes (comme dans l’histoire, la bonne Fée).
« Vous voulez attirer la bienveillance des entités célestes afin qu’elles favorisent la réalisation de vos projets ? Travaillez sur l’harmonie. Où qu’elles soient, les entités lumineuses sont attirées par l’atmosphère que savent créer tous ceux qui se réunissent pour servir une idée divine. Elles se disent les unes aux autres : « À la différence de tant d’autres humains qui ne se rassemblent que pour fulminer, pour s’en prendre à des ennemis réels ou imaginaires, voilà des êtres qui ont décidé de travailler ensemble pour préparer le Royaume de Dieu. Allons les voir et les aider. » De chaque moment d’harmonie que vous parvenez à créer se dégage un parfum, un parfum que les humains ne perçoivent peut-être pas, mais que ces entités, elles, sentent. Et même les étoiles, là-haut dans le ciel, vous sourient et vous envoient des messages d’amour. [2]
[1] Omraam Mikhaël Aïvanhov, pensée du 11 novembre 2006, Éditions Prosveta.fr
[2] Omraam Mikhaël Aïvanhov, pensée du 21 mars 2017, Éditions Prosveta.fr